vendredi 27 avril 2012

Les lavandières de la nuit.


Voici ma dernière illustration : Les lavandières de la nuit.

Il s'agit d'une image qui figurera sur la couverture des légendes de Bretagne à paraître aux éditions Yoran Embanner de Fouesnant.

Les nuits de pleine lune, les lavandières de la nuit  lavent leurs draps dans les fontaines isolées, au détour d'un chemin. Le voyageur imprudent qui les rencontre est invité à les aider à essorer leurs draps. Malheur à celui qui  ne tord pas le linge dans le même le sens  qu'elles : il les rejoint dans l'autre monde !

Les Lavandières de la nuit , Kannerez noz en Bretagne, ne sont pas une légende spécifiquement celte. On les retrouve du Nord au Sud dans toute l'Europe 

George Sand y fait référence dans ses légendes rustiques :

Autour des mares stagnantes et des sources limpides, dans les bruyères comme au bord des fontaines ombragées dans les chemins creux, sous les vieux saules comme dans la plaine brûlée du soleil, on entend, durant la nuit, le battoir précipité et le clapotement furieux des lavandières fantastiques...

Lavandeira da noite au Portugal, Lamina au Pays basque, Night washerwoman en Angleterre, elles sont le symbole de la peur qui  noue le ventre et des décisions à prendre face au destin. Celui-ci est suggéré par l'eau dont la traversée représente une épreuve initiatique.
Dans la tradition irlandaise, ce ne sont pas des draps que les lavandières tordent, mais des boyaux !
 
C'est pour cette raison que j'ai choisi de représenter, à demi immergée, une roue de charrette, symbolisant la roue de la fortune, le destin.

Les autres éléments figurés sont ceux, classiques, décrits par la légende.

Kannerez noz. Acrylique. 65 x 50 cm.


Pour les curieux et les amateurs d'acrylique, j'ai mis en ligne une explication détaillée sur ma technique :

Les lavandières de la nuit : Work In Progress



11 commentaires:

  1. OUF... ça m'épuise quand je vois tes étapes en tradi... j'avais presque oublié comment je faisais "avant" la peinture en numérique...
    Le bleu nuit que tu pratique souvent est proche du "bleu Klein" je trouve.

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  2. Je mélange :
    3/ 5 cobalt
    1/ 5 Violet
    1/ 5 vert émeraude

    La tradition a aussi ses avantages par rapport au numérique. J'aime travailler avec des vraies matières, avoir de la peinture sur les mains , entendre le clapotis de l'eau dans mon godetquand je nettoie mon pinceau, sentir l'odeur des tubes...et au final, il reste un original. Mais c'est vrai que c'est contraignant.
    Amitiés à toi.

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  3. C'est une interprétation des lavandières de la nuit qui diffère de ce que l'on connaît ( celles de Yan d'argent montrent des "dames blanches" ) mais qui n'est pas moins intéressante. L'atmosphère est vraiment fantastique. Bravo.

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  4. Vos lavandières de la nuit sont belles et effrayantes, le regard glace le sang. Tel talent cher Marc !

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  5. C'est absolument magnifique

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  6. Merci !

    @ Anonyme 1 : J'ai effectivement cherché à me démarquer de la représentation habituelle des Lavandières de la nuit, comme je l'ai fait également pour les légendes de la Mort.

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  7. On reconnait bien l'univers bleu de Marc Mosnier !
    Toujours aussi beau et mystérieux.
    Bravo Marc

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  8. Nouveau coup de maître de Marc ( j'allais écrire... Maître Marc ! ) avec la couv de ses superbes Lavandières de la nuit !

    Ma première impression, frappante, est une parenté, un écho ( sans doute inconscients ) avec ce qui est à mes yeux le chef d’œuvre de Léonard, son célèbre Sainte Anne récemment ré-exposé au Louvre après des années de réhabilitation.
    On y trouve la même composition " en diagonale " avec des personnages debout, assis, allongés, bref, reliés.
    Mais les liens qui réunissaient Anne, Marie, Jésus et l'agneau sont ici détournés, comme si ces Lavandières ( dont la fixité du regard semble figer le temps... ne sont-elles pas un peu les trois Parques ?? ) offraient... la face obscure de l'espérance - la désespérance ?
    Au lieu de tisser ( ou de tirer ) un fil, elles tordent le linge, action autrement plus destructrice !
    Et à la clarté des bienheureux s'impose ici la nuit - et sa Lune, symbole féminin et aquatique du rêve, une Lune dont le contre-jour irise de son halo les trois personnages et l'Arbre ( arbre mort, et grimaçant, forcément ! ) qui, par sa place et son importance, est peut-être le personnage le plus emblématique du tableau, avec cette Roue empêtrée dans ses racines... quel symbole !

    Par ailleurs, je reste confondu devant la maîtrise de la technique L'essentiel, aux yeux du néophyte, est le résultat, impressionnant, avec des dégradés de bleus que n'aurait pas renié Klein !

    Une dernière remarque : les artistes authentiques ne cessent de progresser et de se remettre en cause.
    Enseigner, je crois, est... une très bonne école pour apprendre - et Marc enseigne et y prend plaisir !
    Aujourd'hui, les peintres sincères, comme beaucoup d'autres créateurs, sont confrontés à de nombreux impératifs : chercher encore et toujours, ne pas décevoir leur public mais aussi ( et surtout ? ) rester fier de leur propre production, et gagner - ou conserver, pas si simple ! - l'estime de leurs pairs...
    A tous ces égards, le travail de Marc Mosnier ne cesse de susciter mon admiration et mon respect !


    Amitiés, Marc !

    Christian

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  9. Merci Christian !
    Dans les compositions en diagonale, on a aussi "Don Juan découvert par Haydée" de Ford Madox Brown, à laquelle j'ai pensé en cherchant l'organisation de mon tableau.
    J'avoue avoir un faible pour les préraphaélites

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  10. Je trouve cette image très belle mais un peu angoissante

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  11. Carrement ncroyable ta technicité a l'acrylique ! Ca existe encore ?
    Belle illustration, felicitations.

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